J'aime l'autorité du noir, sa gravité, son évidence, sa radicalité. Son puissant pouvoir de contraste donne une présence intense à toutes les couleurs et lorsqu'il illumine les plus obscures, il leur confère une grandeur sombre.


Pierre Soulages




2.5.10

Au début

28/01/2009



Sevrage - Hôpital général - Villefranche-sur-Saône


Comment exprimer cela ? Comment parler de l’hôpital… Service gastro entérologie. Dure semaine. Dans une chambre à côté d’une femme de 54 ans qui a le foie prêt à ne plus fonctionner. Elle ne supporte pas les traitements. Avant la biopsie, et peut-être pour essayer de la préparer à l’intervention, les médecins tentent pour 5 jours le traitement aux corticoïdes, voir si cela peut l’aider. Comme je le comprends, si son état ne s’améliore pas, son horizon est la greffe.


Elle est sans arrêt sollicitée par ses proches, au moins 10 coups de fil par jour + le portable.. Ses 3 enfants viennent tous les jours, son compagnon aussi. Ils créent un maelström quand ils sont là. Cela l’épuise (et moi aussi, je les fuis et me réfugie dans la salle commune pour bouquiner, alors que j’ai tellement sommeil, HS avec les doses de Séresta). Les fins de journée sont les plus dures. Elle reçoit un médicament qui la purge, elle est si faible que je dois l’aider pour aller aux toilettes, nombre de fois elle laisse des traces derrière elle, elle se souille dans son lit. J’essaie de l’aider comme je peux. Je suis totalement dégoûtée. D’autant plus que la salle de bains est répugnante. Pas tant les sanitaires qui sont « nettoyés » tous les jours (le personnel y met un cœur… c’est assez lamentable), que le sol qui est sert aussi de douche italienne, couvert de tartre qui m’apparaît comme un affreux nid à bactéries diverses et variées, souvent souillé par Tina. Il faut attendre le lendemain début après-midi pour qu’il soit nettoyé. Je le fais avant comme je peux, avec le papier toilette, Tina ne pourrait pas éviter d’y mettre les pieds lors de ses crises. Elle a tout le temps froid. Elle a plusieurs draps et couvertures dans lesquelles elle s’empêtre, je l’aide souvent à refaire son lit. C’est une personne sympathique, intéressante, attachante, lors des moments de lucidité qu’elle a, nous pouvons parler un peu, plutôt au petit matin, parfois le soir. Elle me fait toutefois très peur. J’ai peur de devenir comme elle. J’ai peur de devenir malade. Et d’ordre plus général, j’ai peur de devoir être hospitalisée. L’hôpital me donne des frissons. Les 2 derniers jours, elle semblait aller mieux, elle se levait pour s’habiller, se lavait au lavabo et faisait quelques pas tremblotants dans le couloir. Je suis partie le mardi matin, elle devait avoir un bilan le mercredi. Je ne sais pas ce qui l’attend.


Le service est une ruche, les personnels travaillent sans arrêt, les sonnettes appellent les infirmières sans cesse, il y a plusieurs vieux messieurs qui crient pour les faire venir plus vite, voire qui les engueulent.


Lors des tournées de soins, les infirmières ont pour habitude de s’interpeller d’une chambre à l’autre pour faire état de leurs besoins, s’entraider… Elles sont presque toutes assez gentilles avec les personnes, une est vraiment super.


En 6 jours, 2 ont fait des malaises en fin d’après-midi/début de soirée.


Nous sommes visitées par 2 internes, 2 jeunes femmes qui sont sèches et raides comme des coups de trique. Elles commencent leur carrière et il me semble qu’elles n’ont aucune humanité, et qu’elles n’en auront pas. La nourriture, … n’en parlons pas.


Je dors comme une souche pendant 3 jours grâce à la petite pilule du soir... Les dernières nuits, n’en parlons pas non plus, même avec la pilule. Et les journées… Errance dans les ascenseurs pour aller acheter des thé citron, errance dans le parc pour essayer de se dégourdir les jambes, je tente de marcher d’un bon pas, mais je suis un peu flagada… J’ai réussi à lire 3 livres… et le temps est passé.


Mardi matin, je dois être à 9 heures à Saint-Galmier, mais le VSL a du retard, nous partons à 8h45 de l’hôpital… Avant 8 h, un petit vieux est mort, j’ai vu tout à l’heure sa femme venir demander aux infirmières d’aller le voir, car “depuis un moment, il ne respire plus si fort que d’habitude”, un homme est arrivé pour sa gastroscopie mais il n’était pas attendu, on a fini par lui trouver une place, 5 ou 6 personnes sont parties du service, et au moins autant sont arrivées, une seule personne aux service des entrées, nous avons attendu ½ heure pour faire ma sortie.

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